Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/323

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sier. Dans une fête de l’Hôtel de ville, il répondit à Mme ***, qui venait de lui dire son nom : « Ah ! bon Dieu ! on m’avait dit que vous étiez jolie… » ; à une autre : « C’est un beau temps pour vous que les campagnes de votre mari… » ; à des vieillards : « À votre âge, on n’a pas longtemps à vivre… » ; à de jeunes personnes : « Avez-vous des enfants ? »

En général, Napoléon avait le ton d’un jeune lieutenant mal élevé ; et, au premier abord, rien n’annonçait en lui ni de l’esprit, ni le moindre usage du monde. Je l’ai vu, dans ses petites soirées, sortir de son cabinet en sifflant, accoster des femmes sans interrompre son chant, et s’en retourner en fredonnant un air italien.

Souvent il convoquait six à huit cents personnes à la Cour et n’y paraissait pas. Souvent il invitait dix à quinze personnes à dîner et se levait de table avant qu’on eût mangé la soupe.

On ne peut pas nier cependant que Napoléon n’eût beaucoup d’esprit et beaucoup de piquant