Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/379

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figurer sur la place le plus singulier combat que j’aie vu de mes jours. Quatre cents hommes, montés sur des échasses très hautes, étaient divisés en deux partis, les uns habillés en blanc et les autres en rouge. Ils manœuvrèrent avec une rare précision pendant deux heures. Après quoi ils se livrèrent un combat, n’ayant d’autres armes qu’une de leurs échasses. La bande rouge fut victorieuse et reçut le prix des mains du premier Consul.

Les bourgeois vinrent se plaindre de leur évêque. Ils l’accusaient d’insulter les femmes dans l’église, pour peu que leur mise ne lui plût pas. Ils articulaient que, dans une procession, à l’entrée de l’église, où la foule retardait sa marche, il avait ordonné au porte-croix de « crosser ces bougres-là ». Ils ajoutaient qu’il vivait publiquement avec une fille qu’il faisait passer pour sa nièce. Bonaparte en parla le soir à l’évêque, qui lui répondit qu’il avait servi dans l’armée du Rhin, et qu’il ne pouvait pas perdre les habitudes qu’il y avait prises.