Page:Charrière - Caliste ou lettres écrites de Lausanne, 1845.djvu/138

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leurs, parce que la vue du pauvre souffrant et affligé, la vue du pauvre soulagé et reconnaissant pourra attendrir votre cœur et le changer.


DIX-NEUVIÈME LETTRE


Monsieur,

vous paraissiez si triste hier, que je ne puis m’empêcher de vous demander quel sujet de chagrin vous avez. Vous refuserez peut-être de le dire, mais vous ne pourrez pas me savoir mauvais gré de l’avoir demandé : je n’ai depuis hier que votre image dans l’esprit. Milord vient nous voir presque tous les jours. Il est vrai qu’il ne reste d’ordinaire qu’un moment. Vous paraît-il qu’on y fasse attention à Lausanne, et qu’on puisse me blâmer de le recevoir ? Vous le connaissez autant qu’un jeune homme est connaissable ; vous connaissez ses parents, et leur façon de penser. Je ne doute pas que vous n’ayez lu dans le cœur de Cécile ; dites-moi comment je dois me conduire. Je suis, monsieur, votre très humble et très obéissante servante.


VINGTIÈME LETTRE


Madame,

il est vrai que je suis fort triste. Je suis si éloigné de vous savoir mauvais gré de votre question, que j’avais déjà résolu de vous faire mon histoire ; mais je l’écrirai : ce sera une sorte d’occupation et de distraction, et la seule dont je sois susceptible. Tout ce que je puis vous dire, madame, touchant milord, c’est que je ne lui connais