Page:Charrière - Caliste ou lettres écrites de Lausanne, 1845.djvu/80

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que toutes les autres, et qui a rendu toutes les autres plus utiles. Quand elle a mal à la tête, quand ses engelures l’empêchent de faire ce qu’elle voudrait, quand on lui parle d’une maladie épidémique qui menace Lausanne (nous y sommes sujets aux épidémies), elle songe à son cousin le professeur, et elle ne se permet ni plainte, ni impatience, ni terreur excessive.

Vous êtes bien bonne de me remercier de mes lettres. C’est à moi à vous remercier de vouloir bien me donner le plaisir de les écrire.


SIXIÈME LETTRE


N’y avait-il pas d’inconvénient, me dites-vous, à laisser lire, à laisser écouter ? N’aurait-il pas mieux valu, etc. ? J’abrège ; je ne transcris pas toutes vos phrases, parce qu’elles m’ont fait de la peine. Peut-être aurait-il mieux valu faire apprendre plus ou moins, ou autre chose ; peut-être y avait-il de l’inconvénient, etc. Mais songez que ma fille et moi ne sommes pas un roman comme Adèle et sa mère, ni une leçon, ni un exemple à citer. J’aimais ma fille uniquement ; rien, à ce qu’il me semble, n’a partagé mon attention, ni balancé dans mon cœur son intérêt. Supposé qu’avec cela j’aie mal fait ou n’aie pas fait assez, prenez-vous-en, si vous avez foi à l’éducation, prenez-vous-en, en remontant d’enfants à pères et mères, à Noé ou Adam, qui, élevant mal leurs enfants, ont transmis de père en enfant une mauvaise éducation à Cécile. Si vous avez plus de foi à la nature, remontez plus haut encore, et pensez, quelque système qu’il vous plaise d’adopter, que je n’ai pu faire mieux que je n’ai fait. Après la réception de votre lettre, je me suis assise vis-à-vis de Cécile ; je l’ai vue travailler avec adresse, activité