Page:Chasseriau - Précis de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises (2).djvu/31

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Parmi les nombreuses et colossales pétitions délibérées. votées et signées par les associations religieuses et philanthropiques du Royaume Uni, il en faut citer une, revêtue de la signature de six cent mille femmes. Adressée la Reine, cette pétition invoquait, en faveur des apprentis, les sentiments d’humanité apanages de son sexe.

Motifs allégués contre l’apprentissage. Les adversaires de l’apprentissage disaient se fonder sur ce que les législatures coloniales, paralysant les principales dispositions de l’acte d’abolition, annulaient le grand sacrifice que la métropole s’était imposé par l’indemnité ; que l’apprentissage maintenait l’esclavage en l’aggravant ; que la libération d’une classe des apprentis, tandis que la plus grande partie resterait sous le joug, ne pouvait manquer d’amener de graves dangers ; enfin que d’accord avec l’humanité, la politique réclamait une égale justice pour toute la population noire, unie par les mêmes liens et le sentiment des mêmes maux[1].

Le secrétaire d’État des colonies laisse l’initiative de la suppression de l’apprentissage aux législatures coloniales. Sans partager l’exagération de certaines de ces allégations, lord Glenelg n’avait point dissimulé qu’il croyait très-désirable la cessation simultanée de l’apprentissage. Mais, par des considérations d’égards et de prudence, il voulut laisser aux législatures coloniales l’initiative d’une mesure qui lui paraissait de nature à leur concilier le respect et la gratitude de la population noire[2].

  1. Motion de M. Buxton, développée dans la séance de la chambre des communes du 22 mars 1836. — Pétition adressée au secrétaire d’État des colonies le 17 novembre 1837, et reproduite dans le précédent volume, p. 70 à 74.
  2. Documents parlementaires, partie V, 1838, annexe à la dépêche EE.