Page:Chasseriau - Précis de l’abolition de l’esclavage dans les colonies anglaises (2).djvu/61

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apprentis était devenue tellement critique, qu’il ne croyait pas que l’assemblée pût hésiter à se prononcer pour la motion, en invitant le gouvernement d’en faire l’objet d’une loi.

Sir Robert Peel. Sir Robert Peel déplorait les inextricables embarras dans tes lesquels l’assemblée se trouvait engagée par la direction donnée à cette grave discussion. L’auteur de la motion avait à se reprocher ces embarras : après avoir soulevé la question, il en abandonnait à d’autres la solution. Quant à lui, sir Robert Peel, il ne voyait qu’un moyen d’en finir : c’était que la chambre déclarât que la motion resterait sans effet. Sa pensée n’était pas d’indiquer un expédient ; la déclaration qu’il proposait lui semblait commandée par la prudence et la justice, qui s’opposaient également à la suppression de l’apprentissage. En se prévalant de l’autorité de sir Carmichael Smyth, ancien gouverneur de la Guyane, et après s’être livré un examen général de la situation des diverses colonies, l’orateur n’hésitait point à se prononcer hautement en faveur du système d’apprentissage. L’exagération seule avait pu en contester les heureux effets. Si les adversaires de l’émancipation parvenaient à faire croire que l’Angleterre échouait dans l’application, à ses colonies, de cette grande mesure, c’en serait fait de la liberté pour les cinq millions d’esclaves qui attendaient aussi et ailleurs le jour de la justice. Il adjurait donc les amis de l’humanité de se montrer prudents, afin de ne pas compromettre les droits sacrés dont ils embrassaient la défense.

M. O’Connel. M. O’Connel s’attacha moins à répondre à l’honorable baronnet qu’a réfuter une assertion de M. Ellice, qui avait prétendu que quatre années seraient nécessaires pour pré-