Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/236

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Quand je repris mes sens, j’étais dans une caverne éclairée par une lampe.

Près de moi, attentive, se tenait une jeune Indienne, d’une beauté rare. Elle s’exprimait assez facilement dans notre langue, et m’apprit que dans ma chute je m’étais luxé la jambe. De plus, j’avais à la tête une blessure qui avait déterminé un accès de fièvre cérébrale. Cette jeune Indienne, cette noble fille me soignait ; elle me soigna au péril de ses jours, car ainsi que moi elle était captive, la bien-aimée du Mangeux-d’Hommes, j’ose à peine l’avouer, et cependant je suis sûr, j’ai l’intime conviction qu’elle n’est pas, n’a jamais été sa maîtresse. Meneh-Ouiakon, maîtresse d’un vil assassin ! elle si pure, si douce, si digne, la fille d’un sachem nadoessis, oh ! non, cela n’est pas possible, je le nie, je le déclarerais à la face de la terre !… Pourtant… Ah ! bannissons ces réflexions mauvaises, qui souillent la plus estimable des créatures ! Tu le vois, cher, j’aime Meneh-Ouiakon. Elle m’a sauvé la vie ; en ce moment même, peut-être est-elle exposée à mille dangers pour moi. Ah ! que le ciel me permette de la revoir, de contempler encore ses traits adorés, de lui prouver mon amour !

Pendant plus d’un mois, elle vint chaque nuit panser ma plaie et me consoler. Elle avait, je ne sais comment, gagné une vieille Indienne, ma geôlière.

Une fois elle me dit :

— Ami, il faut te tirer d’ici. Je te rendrai la liber-