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CHAP. XVIII. — L’HISTORIEN

virent l’histoire entre Philippe de Comines et Jacques Auguste de Thou.

Dans la lettre à Budé, mise en tête du premier volume Commentaires, et dans la dédicace adressées François Ier, Dolet avait parlé de son intention d’écrire l’histoire de son temps, lorsque ses Commentaires seraient achevés, et il avait demandé au roi et au grand érudit de bien accueillir son projet. Deux années plus tard, son idée était plus mûre et il la développe dans la dédicace du second volume.

« Voulez-vous savoir, » écrit-il à Budé, « quels ouvrages littéraires j’ai l’intention d’entreprendre plus tard ? Pendant quelques années je m’appliquerai d’abord à terminer aussi parfaitement que possible mon troisième volume promis depuis longtemps. Ensuite le grand but de mon étude sera l’histoire de notre époque. Mais je ne pourrai guère accomplir cette tâche sans le secours du roi. Il faudra nécessairement que je parcoure toute l’Italie. Je devrais visiter les Flandres, l’Artois, le Hainaut, le Bigorre, le Béarn, la Gascogne, l’Armagnac, la Guyenne, afin d’examiner avec soin les sites que j’aurai à décrire pour raconter les batailles. De cette façon l’exactitude de mes descriptions sera garantie. Mais comment, pour subvenir à la dépense de ces voyages, puis-je m’adresser à une autre personne qu’au roi ? C’est par lui aussi que je dois me procurer les papiers officiels, les instructions envoyées aux ambassadeurs, et les dépêches de ces derniers, afin que je puisse connaître les causes et les motifs des plans qui ont été arrêtés, des discordes qui se sont élevées, des guerres qui ont été entreprises, des batailles qui ont eu lieu, des traites qui ont suivi les guerres et des mariages qui ont été contractés. Si tous ces documents sont, comme je l’espère, mis à ma disposition et si j’ai le loisir d’entreprendre un tel travail, je ferai tout ce que peut faire un homme laborieux et un patriote ardent ; mais si, par hasard, l’on me refuse ce que- je suis droit d’espérer, j’abandonnerai mon dessein et je chercherai d’autres sujets d’études littéraires.»

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