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ÉTIENNE DOLET

naissance, à ses manières distinguées et à son aimable caractère qu’à sa science et à ses talents ; ce fut là qu’il se lia d’amitié avec d’autres personnages éminents (Bembo Contarini, Sadolet et Morone), dont l’élévation au cardinalat est un si grand honneur pour Paul III. Ce fut dans la maison de Pole à Padoue que Longueuil mourut, et la biographie qui est placée en tête des discours de ce cicéronien, bien que souvent attribuée à Simon Villanovanus, est reconnue aujourd’hui pour être l’œuvre de son disciple anglais. Mais Padoue ne fut redevable de sa gloire à personne plus qu’à Bembo. Après avoir étudié, comme jeune homme, deux ans à cette université, il fixa sa résidence à Padoue au mois de décembre (1521), à la mort de Léon X, dont il avait été le secrétaire conjointement avec Sadolet. Le choix que Léon X avait fait de ces deux hommes doit nous faire pardonner plus d’un de ses défauts. Intimement liés, également capables, également doctes, également prêts à donner des secours aux pauvres étudiants et des conseils littéraires aux riches, également purs de toute bigoterie, ces deux cardinaux sont les plus brillants représentants de la Renaissance et de l’église catholique de cette époque. Ils différaient en une chose seulement : Sadolet était chrétien, Bembo, païen. Je ne sais pas un homme du quinzième ou du seizième siècle, en qui les grâces et les vertus chrétiennes, combinées avec un attachement sincère et sobre aux doctrines de l’église, soient plus frappantes que dans Sadolet. Si ses écrits théologiques ont passé dans un oubli plus complet que les œuvres inférieures des hommes inférieurs de son temps, c’est qu’ils révèlent un bon sens à demi pélagien ; et si ces tendances valurent à Sadolet, à son grand chagrin, la censure de la cour de Rome et, ce qu’il regretta beaucoup, le mécontentement de Calvin et des réformateurs, elles ne s’en recommandent pas moins à une génération qui, tout en employant parfois le langage d’Augustin, de Thomas d’Aquin et de Calvin, adopte en fait les conclusions de Pélagius. La voix peut être encore celle d’Augustin, mais les mains sont celles de