Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/453

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HOMÉLIE LXX.

AVANT LA FÊTE DE PÂQUES, JÉSUS, SACHANT QUE SON HEURE ÉTAIT VENUE DE PASSER DE CE MONDE A SON PÈRE, COMME IL AVAIT AIMÉ LES SIENS QUI ÉTAIENT DANS LE MONDE, IL LES AIMA JUSQU’À LA FIN. (CHAP. 13, VERS. 1, JUSQU’AU VERS. 12)

ANALYSE.

  • 1. Bonté de Jésus-Christ envers ses ennemis et envers tous les hommes.
  • 2. Saint Chrysostome a cru que Jésus-Christ lava les pieds de Judas les premiers. — Le lavement des pieds était une admirable leçon d’humilité donnée par le Seigneur à ses apôtres.
  • 3. Avoir soin des veuves et des orphelins.

1. « Soyez mes imitateurs », dit saint Paul, « comme je le suis moi-même de Jésus-Christ ». (1Cor. 11,1) Car il a pris une chair de notre nature afin de nous enseigner la vertu par la chair, « semblable », dit l’apôtre, « à la chair de péché ; et par le péché même, il a condamné le péché dans la chair ». (Rom. 8,3) Et Jésus-Christ dit lui-même : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ». (Mt. 11, 29) Il nous l’a appris non seulement par ses paroles, mais encore par ses exemples. Les Juifs l’appelaient samaritain, possédé du démon, séducteur, et lui jetaient des pierres. Tantôt les pharisiens ont envoyé des archers pour le prendre, tantôt ils lui ont fait tendre des pièges par d’autres ; souvent ils l’ont eux-mêmes outragé, quoique néanmoins ils n’eussent aucun reproche à lui faire, et qu’au contraire il leur fit fréquemment du bien. Et cependant, après tant d’insultes et d’outrages, il ne cesse point de les assister par ses paroles et par ses œuvres. Un valet le frappe, et il répond : « Si j’ai mal parlé, faites voir le mal que j’ai dit ; mais si j’ai bien t parlé, pourquoi me frappez-vous ? » (Jn. 18,23)

Mais c’est à ses ennemis, c’est à ceux qui lui dressaient des embûches que Jésus a parlé de la sorte ; voyons maintenant comment il en use à l’égard de ses disciples, ou plutôt ce qu’il fait pour un traître. Judas, le plus indigne et le plus détestable de tous les hommes, est reçu au nombre des disciples, mange à la table de son Maître, voit les miracles qu’il opère, en reçoit mille bienfaits, et il commet l’action la plus noire et la plus horrible qu’on puisse imaginer. Il ne lui jette pas de pierres, il ne lui dit point d’injures, mais il le trahit ; voyez cependant avec quelle douceur, avec quelle bonté Jésus-Christ le reçoit ; il lave ses pieds pour le détourner d’une si grande perfidie par ce bon office. Toutefois, s’il l’eût voulu, il pouvait le faire sécher de même que le figuier (Mt. 21,19) ; il pouvait le fendre en deux, de même qu’il fendit les pierres et déchira le voile du temple. (Id. 28,51) Mais le Sauveur ne voulut point user de violence, il ne voulut pas le tirer par force du dessein qu’il avait conçu de le trahir ; voilà pourquoi il lava les pieds de ce malheureux, de ce misérable, que cela ne fit pourtant point rentrer en lui-même.

« Avant la fête de Pâques », dit l’évangéliste, « Jésus sachant que son heure était venue ». Ce ne fut pas seulement alors que Jésus le sut, entendez que c’est alors qu’il fit ce qui va suivre, mais il était instruit depuis longtemps. « De passer ». L’évangéliste appelle la mort de