Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 8, 1865.djvu/461

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citerne : est-il rien de plus barbare et de plus inhumain ? N’étaient-ils pas plus cruels que des assassins ? Ils le tirèrent ensuite de la citerne, mais ce fut pour l’exposer à mille morts, en le vendant à des hommes barbares et féroces, qui devaient l’emmener chez un peuple barbare.
Élevé sur le trône, Joseph, non seulement ne se vengea point de ses frères, mais encore il excusa leur crime, autant qu’il le pouvait, attribuant tout ce qu’ils avaient fait, non à leur méchanceté, mais à un ordre particulier de la divine Providence. Et s’il fit quelque chose contre eux, ce ne fut point par un dessein de vengeance, mais par feinte, pour les sonder et découvrir leurs sentiments pour son frère Benjamin. Et dès qu’il a reconnu qu’ils le défendent et le protégent, son cœur ne pouvant plus se déguiser, les larmes lui coulent aussitôt des yeux, il embrasse ses frères, comme s’il en eût reçu de grands bienfaits, lui à qui ils avaient voulu jadis ôter la vie : et il les fait tous venir dans l’Égypte, où il les comble de toutes sortes de biens.
Quelle excuse aurons-nous donc un jour, nous qui, vivant après la loi, après la grâce, après de si grandes et si nouvelles leçons de vertu, n’aurons pas même imité celui qui a vécu avant la loi et avant la grâce ? Qui nous délivrera du supplice ? Car rien n’est pire ni plus dangereux que le souvenir des injures. Celui qui devait dix mille talents en est une preuve manifeste : on lui avait d’abord remis sa dette ; mais après, on le força de la payer. (Mt. 18,24) Dieu lui avait remis sa dette par compassion et par miséricorde ; mais sa propre méchanceté, mais sa dureté envers son compagnon, furent cause que le Seigneur lui fit tout payer. Considérons ces choses, mes frères, et pardonnons à notre prochain ses fautes et ses offenses, ou plutôt répondons à ces offenses par des bienfaits, afin que nous puissions obtenir la miséricorde de Dieu, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui la gloire et l’empire appartiennent dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.

HOMÉLIE LXXII.


EN VÉRITÉ, EN VÉRITÉ ; JE VOUS LE DIS : QUICONQUE REÇOIT CELUI QUE J’AURAI ENVOYÉ, ME REÇOIT MOI-MÊME : ET QUI ME REÇOIT, REÇOIT CELUI QUI M’A ENVOYÉ. (VERS. 20, JUSQU’AU VERS. 35)

ANALYSE.

  • 1. Pourquoi, tous les disciples étant dans la crainte, Jean était couché sur le sein de Jésus.
  • 2. Insensibilité de Judas. – Pourquoi Jésus-Christ avait une bourse.
  • 3. Discours après la Cène. – Ce ne sont pas les miracles, mais c’est la charité qui fait et qui montre les disciples de Jésus-Christ. – Reproches que faisaient les gentils aux chrétiens, et sur les miracles ; et sur la charité. – En quoi les apôtres ont fait paraître leur charité. – Les gentils observent les vices et les fautes des chrétiens, pour se fortifier dans leurs sentiments et se défendre d’embrasser la religion chrétienne.


1. Dieu octroie de grandes récompenses à ceux qui protègent ses serviteurs et qui leur font du bien ; et le profit que nous retirons d’une telle conduite est immédiat. Car Jésus-Christ dit : « Celui qui vous reçoit, me reçoit ; et qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé ». Recevoir Jésus-Christ, recevoir son Père, qu’y a-t-il de comparable à ce bonheur ? Mais quel rapport ont ces paroles avec celles