Page:Chtchédrine - Trois contes russes.djvu/98

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« Sennka ! » cria le pomèchtchik ; mais, se rappelant la réalité, il se mit à verser des larmes.

Néanmoins sa grande fermeté de caractère ne l’abandonna pas encore. Plus d’une fois il fut sur le point de faiblir ; mais, dès qu’il sentait son cœur s’émouvoir, il se jetait sur le Moniteur des intérêts pomèchtchikaux, et aussitôt il redevenait de bronze.

« Non, s’écria-t-il, il vaut mieux que je devienne tout à fait sauvage ; il vaut mieux que j’erre à l’avenir dans la forêt en compagnie des bêtes fauves. Au moins personne ne pourra dire qu’un gentilhomme russe, que le prince Ourousskoutchoum-Kildibaïeff s’est écarté des vrais principes ! »

Il devint donc tout à fait sauvage.

C’était vers le milieu de l’automne. Les gelées étaient fortes ; mais déjà le pomèchtchik ne sentait plus le froid, car tout son