Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/191

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tout son bonheur restait prisonnier derrière lui, — là-bas, près de cette adorable fille qui lui avait pris le cœur. Loin d’elle, désormais, que serait sa vie ? Un voyage sans but, très indigne d’être recommencé.

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Les deux tapissiers chinois, — de gras Cantonais à belles queues, leurs bas blancs terminés dans des chaussons noirs à semelles de feutre, — écoutent les ordres de Fierce, dans la petite chambre du Bayard.

— … « Arracher toute la soie grise des murs ; même chose le velours ; — à la place, mettre ça… »

Ça, c’est un crépon de Chine bleu léger, qui a des reflets verts ; — cela vient de Shang-Haï ; Fierce a pris de la peine, pour trouver cette couleur qu’il voulait absolument.

… « Encadrer panneaux avec ça… »

Des manches pagodes décousues de vieilles robes chinoises : sur une bande étroite de satin noir, dix mille papillons brodés pressent leurs ailes bleues, — des ailes de toutes les formes, des bleus de toutes les nuances. Chez le marchand de Cholon, Mlle Sylva s’en était émerveillée.

… « Et bien cacher les clous ; y en a moyen faire pour ce soir, tout fini ? »

Un signe affirmatif ; un sourire sur les faces glabres ; — y en a toujours moyen ; le mot impossible