Page:Claude Farrère - Les civilisés, 1905.djvu/65

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de Tyrol et de Hongrie, après qu’un cardinal de leur parenté les eut luxueusement bénis à Sainte-Clotilde ; — et par la suite, des époux irréprochables, sans aucune espèce d’intimité hors de propos. — Jacques de Fierce est donc né probablement d’une fantaisie aggravée d’une distraction. Mais cela n’a aucune importance : Mme de Fierce en tous caprices savait ne pas déroger ; il s’ensuit par conséquent que son fils est véritablement gentilhomme. Au reste, c’est la dernière chose dont il se soucie.

Jacques de Fierce a d’abord poussé comme une mauvaise herbe dans une cour de prison, — au quatrième étage de l’hôtel familial, dans la compagnie moralisatrice d’une bonne allemande, de plusieurs laquais et de beaucoup de joujoux.

De la sorte jusqu’à six ans. À six ans, premier souvenir notoire : — Un soir d’hiver, — il y avait de la neige tombée sur l’appui des fenêtre : tous les détails sont restés nets dans la jeune cervelle. M. Jacques échappe à sa bonne et trotte menu par la maison. — Il est cinq heures ; maman prend son thé probablement, et il doit y avoir d’excellents gâteaux avec ce thé. — M. Jacques descend trois étages et se faufile chez sa mère, point trop sûr du chemin. Une porte, — deux portes, — trois portes, fermées ; — un paravent : M. Jacques avance plus furtif qu’une souris. — C’est là : — maman, renversée dans une bergère, serre un monsieur entre ses bras ; on ne voit que le dos du monsieur et les bras de maman ; et la bergère recule à petites secousses, en grinçant comme un