Page:Clausewitz - Théorie de la grande guerre, II.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
138
la défensive.

ques mots sur le caractère de cet instrument défensif.

Nous avons suffisamment parlé des positions fortes pour en faire complètement abstraction dans les lignes qui vont suivre.

Une position de flanc qui n’est pas inattaquable est un instrument puissant, mais par cela même très dangereux. Si la position paralyse l’attaque, la défense obtient un grand résultat moyennant une dépense insignifiante de ses forces, c’est la pression du doigt sur un long bras de levier ; mais, que l’action soit trop faible pour arrêter la marche de l’attaque, la retraite du défenseur est aussitôt plus ou moins compromise, et celui-ci n’a plus d’autre alternative que de se retirer, soit précipitamment, soit par de grands détours, c’est-à-dire dans les conditions les plus difficiles, ou de combattre sans retraite possible. En présence d’un adversaire hardi, supérieur en force morale et recherchant une solution énergique, un pareil moyen serait donc fort aventureux et peu à sa place, ainsi que le prouve l’exemple que nous a fourni plus haut la campagne de 1806 ; mais, vis-à-vis d’un adversaire circonspect et dans les campagnes où l’action militaire ne témoigne que d’un caractère général d’observation, on le doit considérer comme l’un des meilleurs que puisse utiliser le talent du défenseur. La défense du Weser par le duc Ferdinand au moyen d’une position prise sur la rive gauche de ce fleuve, et les positions bien connues de Schmotseifen et de Landshut appuient notre dire à ce sujet. Cependant, par la catastrophe arrivée au corps de Fouqué en 1760, le dernier de ces exemples témoigne en même temps du danger auquel une fausse application du moyen peut conduire.