Page:Cocteau - Le Coq et l’Arlequin.djvu/21

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¶ Relisons LE CAS WAGNER de Nietzsche. Jamais des choses plus légères et plus profondes n’ont été dites. Quand Nietzsche loue Carmen, il loue la franchise que notre génération cherche au music-hall. Il est regrettable qu’il oppose à Wagner une œuvre artiste et inférieure à l’œuvre de Wagner sur le plan artiste. Ce qui balaye la musique impressionniste c’est, par exemple, une certaine danse américaine que j’ai vue au Casino de Paris[1].


¶ À Londres, on donne Wagner ; à Paris, on regrette secrètement Wagner.


¶ Défendre Wagner parce que Saint-Saëns l’attaque est trop simple. Il faut

  1. Voilà comment était cette danse :

    Le band américain l’accompagnait sur les banjos et dans de grosses pipes de nickel. À droite de la petite troupe en habit noir il y avait un barman de bruits sous une pergola dorée, chargée de grelots, de tringles, de planches, de trompes de motocyclette. Il en fabriquait des cocktails, mettant parfois un zeste de cymbale, se levant, se dandinant et souriant aux anges.

    M. Pilcer, en frac, maigre et maquillé de rouge et mademoiselle Gaby Deslys, grande poupée de ventriloque, la figure de porcelaine, les cheveux de maïs, la