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DU CAPITAINE COIGNET.

coups de bâton ne se faisaient pas attendre, et le pain était retranché. Enfin, ne pouvant plus tenir, mon frère, l’aîné, me prit par la main et me dit : « Si tu veux, nous partirons. Prenons chacun une chemise, et nous ne dirons adieu à personne. »

De bon matin en route, nous arrivâmes à Étais, à une heure de nos pénates. C’était le jour d’une foire ; mon frère met un bouquet de chêne sur mon petit chapeau, et voilà qu’il me loue pour garder les moutons. Je gagnais vingt-quatre francs par an et une paire de sabots.

J’arrive dans le village qui se nomme Charnois, il est entouré de bois. C’est moi qui servais de chien à la bergère.

« Passe par là ! » me disait cette fille. Comme je longeais le bois, en détournant mes chèvres[1], il sort un gros loup qui refoule mes moutons et qui se charge d’un des plus beaux du troupeau. Moi, je ne connaissais pas cette bête ; la bergère se lamentait et me disait de courir. Enfin, j’arrive au lieu de la scène : le loup ne pouvait pas mettre le mouton sur son dos, j’ai le temps de prendre le mouton par les pattes de derrière. Et le loup de tirer de son côté, et moi du mien.

Mais la Providence vient à mon secours ; deux énormes chiens, qui avaient des colliers de fer,

  1. Les chèvres se détachent volontiers pour brouter les jeunes pousses.