Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/73

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monsieur et de madame, j’ai besoin de vos conseils. — Comme je suis le plus ancien de la maison, vous pouvez compter sur moi », dit-il. Je peux dire que tout le monde me fit bonne mine. Comme c’était moi qui faisais la distribution du son, de l’avoine et du foin, on me faisait la cour pour avoir la bonne mesure, M. Potier me grondait quand il trouvait du son dans les auges. « Mes chevaux sont trop gras, je vais y veiller pour que cela n’arrive plus ; il ne faut pas leur faire la ration aussi forte. — Donnez-moi la mesure du son et de l’avoine, je m’y conformerai ; ils prennent des corbeilles et vont au moulin les remplir. Maintenant ils n’y mettront pas les pieds, toutes les distributions seront à leur place. — C’est très bien », dit mon maître. Voilà tous les charretiers et laboureurs rentrés ; se voyant servir, ils me disent : « On nous fait donc notre part ? — Vous m’avez fait gronder, c’est monsieur qui a mesuré le son et l’avoine, et m’a dit : ne tolérez personne, je veillerai à tout cela, soyez-en sûr. »

Le lendemain, il arrive deux gros fermiers qui déjeunent. M. Potier me sonne et dit : « Passez dans mon cabinet. Vous m’apporterez dix sacs. »

Je les apporte. Dieu ! que de piles d’écus dans ces sacs ! Je reste chapeau à la main : « Jean, dit-il, faites seller nos bidets et nous partirons avec ces messieurs. » Madame me dit :