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LAUSANNE À TRAVERS LES ÂGES

Le Concile, annoncé par l’empereur comme devant commencer ses délibérations au mois de mai 1537, ne se réunit que neuf ans plus tard, en 1545, à Trente : il devait siéger, avec plus d’une interruption, pendant dix-huit ans.

    coram ducentis burgensibus. Des doutes ayant été émis au sujet de l’authenticité de cette lettre, nous avons prié la légation suisse à Vienne, de bien vouloir soumettre le fac-similé que nous publions à l’examen d’experts compétents. Voici la réponse que le directeur des Archives de la Maison impériale d’Autriche, M. Winter, a faite à M. du Martheray, ministre de la Confédération suisse à Vienne, et qu’il a eu l’obligeance de nous transmettre :

    Vienne, le 13 novembre 1905.
    ARCHIVES
    de la maison impériale et royale
    de la cour et de l’État
    No 665 — 05

    À son Excellence Monsieur Fernand H. du Martheray, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de la Confédération suisse à Vienne.


    Excellence,

    Pour répondre au désir exprimé dans l’office de la Légation suisse du 6 novembre 1905 relativement à une déclaration sur l’authenticité d’une lettre de Charles-Quint, il a été procédé immédiatement, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous le communiquer verbalement, à un examen approfondi de la dite pièce. J’ai l’honneur de porter à la connaissance de Votre Excellence les résultats de cet examen ; qu’il me soit toutefois permis d’insister sur le fait que le jugement qui suit repose exclusivement sur l’examen des caractères extérieurs de la lettre, auquel il a été procédé suivant les principes de critique serrée des sciences auxiliaires de l’histoire, sans que le contenu même de la pièce ait été pris en considération.

    La lettre de Charles-Quint à la ville de Lausanne, datée de Savigliano 5 juillet 1536 (Intelleximus in insta civitate… plane persuadimus) n’est produite qu’en fac-similé réduit ; pour ce motif le jugement sur l’authenticité de la pièce ne devrait être émis que sous réserve ; cependant les critères en faveur de l’authenticité (Echtheit) sont de nature si sérieuse que même l’examen de l’original pourrait difficilement invalider les conclusions résultant de celui du fac-similé. Comme la minute de la lettre n’est pas conservée dans les fonds des Archives de la Maison impériale et royale, de la Cour et de l’État, écriture, sceau, signatures et date doivent être examinés, pour pouvoir juger en connaissance de cause si la pièce émane, ou non, de la chancellerie de l’empereur. Que l’écriture est réellement celle d’un employé de la chancellerie impériale, c’est ce qui ressort du fait que nos archives possèdent d’autres lettres de Charles-Quint, qui, sans qu’aucun doute soit possible, ont été écrites de la même main que la pièce de Lausanne. Ce sont : un office adressé à l’archevêque de Cologne en date du 27 avril 1534 et des lettres adressées à l’évêque Bernhard de Trente en date du 28 septembre 1535, du 6 et du 27 décembre 1535, du 9 et du 23 février 1536, exemples que d’autres correspondances permettraient de multiplier.

    Le sceau aussi qui est empreint sous papier sur la lettre de Lausanne, se retrouve sur une des pièces de Trente (28 septembre 1535) ; les autres lettres citées ici sont scellées d’un sceau un peu plus petit. Les signatures de l’empereur et de l’employé de chancellerie Johann Obernburger présentent absolument les mêmes traits et la même ornementation (Federführung und Ausschmückung) que toutes les autres signatures contemporaines des prénommés conservées aux archives. L’Itinéraire de Charles-Quint indique que ce souverain se trouvait réellement à Savigliano, au sud de Turin, le 5 juillet 1536 (Cf. Stälin, Forschungen zur deutschen Geschichte V, p. 573). Les doutes que pourrait peut-être faire naître l’indication erronée des années du règne contenue dans la pièce de Lausanne « anno… imperii nostri XVI » sont complètement dissipés, par le fait observé que la chancellerie de Charles-Quint dans l’indication des années du règne a procédé à réitérées fois avec une grande négligence, par exemple dans une des lettres de Trente que nous avons citées.

    L’indication que cette lettre selon toute apparence a été lue au Conseil de Lausanne déjà le 18 juillet 1536 soulève enfin la question de savoir si le temps écoulé entre l’expédition et la lecture de la lettre correspond à ce que nous savons des conditions de communications. Cette question aussi doit sans réserve être résolue affirmativement, que la pièce ait été expédiée à Lausanne par le chemin le plus court, Turin, — Aoste, — le Saint-Bernard, — Saint-Maurice, ou qu’elle l’ait été par la route ordinaire Turin-Paris, c’est-à-dire par Suse, — le Mont-Cenis, Chambéry et de là par Genève (en tout quarante relais).

    En vous priant pour terminer de nous permettre de conserver pour nos archives le fac-similé que vous avez bien voulu nous transmettre, je saisis l’occasion d’assurer Votre Excellence de ma considération distinguée et de mon dévouement.

    Le directeur,
    Winter.

    Traduction certifiée conforme à l’original. André Kohler, maître au Collège cantonal à Lausanne.