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suavité surtout, telle est la qualité que réclamaient dans l’exécution du chant ecclésiastique les saints et les docteurs, car nous ne voyons nulle part qu’ils aient exprimé leur admiration pour les chanteurs qui exagèrent le volume de leur voix, pour ces organes qualifiés par un écrivain du moyen âge de voix de taureau, taurinae voces

Saint Augustin dit quelque part :

Suave sonantis Ecclesiœ tunœ vocibus commotus acriter. Et saint Bernard : Sunt multi qui suavitate psalmorum compuncti peccata sua lugent, et ailleurs : Sic suavis sis, ut non sis levis. Et maintenant à propos de l’orgue lui-même : « À quoi bon, je vous prie, dit saint Elrède, cette masse terrible de vent, vomie par des soufflets pour exprimer plutôt le fracas du tonnerre que la suavité de la voix. »[1]

Que nos orgues soient donc suaves comme nos voix réunies, que depuis le murmure du bourdon jusqu’à l’éclat tempéré de la trompette, tous leurs registres nous offrent une gradation bien ménagée de timbres et de force où viendront se fondre une teinte de gravité sourde et le tranchant délicat d’un petit nombre de registres aigus.

Tel sera l’orgue religieux, l’instrument catholique, complément de nos voix.

Du Devis. — L’orgue a plus ou moins subi dans se développements l’influence de son style et de sa littérature, en ce sens que dans leur recherches des combinaisons et des effets, les organistes et les compositeurs se sont inspirés des ressources connues pour en inspirer à leur tour de nouvelles. À compter de J. S. Bach surtout la registration et le mécanisme de l’orgue, ont été enrichis d’une grande variété d’effets et de combinaisons dues aux exigences symphoniques toujours croissantes des compositeurs qui ont succédé à ce grand maître.

La littérature de l’orgue depuis cette époque, doit donc, si l’on veut s’affranchir de la routine, servir de base à tout projet de construction ou de restauration d’un instrument tant soit peu considérable.

  1. Voici le texte tout entier : Undè cessantibus Jàm typis et figuris, undè in Ecclesiâ tot organa, tot cymbala ad quid, rogo, terribilis ille folium flatus, tontiirai potius fragorem quam voces exprimens suavitatem ?