Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/179

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l’influence de l’action chimique et du pouvoir dissolvant de l’eau, jusqu’au terme que les conditions actuelles du système admettent.

» Maintenant, pour voir la progression de ce genre d’effets, composons une solution aqueuse d’acide tartrique exactement dosée, dont la quantité suffise à toute une série d’expériences ; puis, prenant un poids connu de cette solution, et toujours un même poids, introduisons-y successivement des quantités d’acide borique qui soient d’abord du poids de l’acide tartrique, puis , et ainsi de suite, autant que le système pourra en contenir à la même température sans précipiter. Ces dispositions faites, la combinaison spontanée des deux acides s’opérera nécessairement en proportion progressive ou en proportion définie, c’est-à-dire on pourra concevoir que chaque centième d’acide borique introduit se distribue également à toute la masse de l’acide tartrique, formant ainsi une combinaison uniforme non saturée, ou bien chaque centième d’acide borique s’unira fixement à la proportion définie d’acide tartrique nécessaire pour saturer complétement son affinité, et laissera le reste de cet acide libre ou à l’état de dissolvant de la combinaison.

» Je ne sais si la Chimie possède actuellement des méthodes qui puissent faire connaître lequel de ces deux cas a lieu ; mais on peut les discerner d’après le mode et le progrès des rotations que les solutions, ainsi formées, impriment à la lumière polarisée. Il suffit, pour cela, de leur appliquer les lois et les formules de ces rotations, telles que je les ai données dans le tome XIII des Mémoires de l’Académie. Et heureusement cette application est très simple ; car si la combinaison se forme en proportion définie, il y a une certaine fonction que les observations déterminent, et qui doit croître proportionnellement au rapport de l’acide borique à l’acide tartrique introduits. Il suffit donc de calculer les valeurs successives de cette fonction pour les diverses proportions d’acide borique employées, et de voir si elles se construisent par une ligne droite, ce qui est un caractère aussi simple à reconnaître que facile à constater avec certitude sur des expériences faites exactement. Une autre épreuve également facile, consiste à mêler ensemble deux dissolutions tartro-boriques observées, où l’acide tartrique soit en excès, et à voir par la rotation que leur mélange produit, si elles ont ou si elles n’ont pas réagi mutuellement l’une sur l’autre ; car dans le cas d’une saturation définie, il ne doit y avoir entre elles aucune réaction, aucune du moins qui pût être continûment progressive.

» Les résultats de ces deux épreuves s’accordent ; et je suis parvenu ainsi à résoudre nettement la question. J’avais d’abord projeté d’en insérer la