Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/347

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qui se proposent d’entreprendre cette opération, ont les moyens de l’exécuter. Il est vrai de dire que pour la plupart des usages il n’est nul besoin que cette eau soit filtrée, et qu’on pourrait, comme à Paris, laisser aux particuliers le soin de s’en procurer de clarifiée. Au reste, la commission n’hésite pas à reconnaître que la limpidité constante des eaux de sources, jointe à l’uniformité de leur température, lorsqu’elles sont peu distantes du point de consommation, doivent militer en leur faveur, et même leur mériter la préférence, si toutefois elles sont assez abondantes en toutes saisons pour fournir constamment la quantité exigée. Cette préférence serait aussi motivée sur la plus grande confiance que le public accorde à ces eaux de sources. Beaucoup de personnes, comme on le sait, répugnent à faire usage de l’eau de rivière, surtout quand cette rivière reçoit et charrie une partie des immondices de tout une grande cité, bien que ces immondices, divisées dans une aussi grande masse et si souvent renouvelée, n’influent pas d’une manière sensible sur leur composition.

» Pour deuxième question, on demande « quelle serait l’eau de ces sources qu’il conviendrait de choisir, si celles-ci étaient jugées préférables à l’eau filtrée de la Garonne ? »

» Nous répondrons que si l’autorité locale jugeait à propos de se servir préférablement des eaux de sources, et qu’elle voulût faire porter son choix sur les plus pures, elle devrait mettre en première ligne la source d’Artiguemale, puis celle de Vayres, et enfin celle de Mont-Joux.

» Il est encore une question que l’examen chimique des eaux peut contribuer à éclairer, c’est celle relative aux craintes manifestées que des concrétions calcaires puissent venir engorger les tuyaux de conduite, comme cela a lieu pour celles d’Arcueil et autres. Or, nos expériences ont démontré que la proportion de sels calcaires est moindre dans ces sources que dans notre eau d’Arcueil, et cela, à peu près dans le rapport de 3 à 4,5 ; ainsi, il n’est guère à présumer que ces dépôts puissent se manifester, si ce n’est en très petite proportion et après un temps fort long. On sait en effet que toute dissolution saline qui a atteint son maximum de saturation abandonne facilement sous de faibles influences une partie des sels qu’elle contenait ; mais qu’elle retient avec une énergie toujours croissante, ce qui lui en reste, et qu’il arrive un point où, toutes circonstances égales d’ailleurs, il n’y a plus de dépôt possible. Il en résulte que ces dépôts ne sont pas en rapport direct avec les quantités de sels en dissolution, et qu’ils sont proportionnellement beaucoup moindres pour des eaux moins chargées.