Page:Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 001, 1835.djvu/422

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que les cloisons séparatrices de diverses natures exercent une influence spéciale sur le sens dans lequel s’opère l’endosmose.

» On sait qu’en séparant l’eau de l’alcool par une membrane animale ou végétale organisée, le courant d’endosmose est dirigé de l’eau vers l’alcool. J’ai établi une cloison séparatrice entre ces deux liquides avec du taffetas gommé enduit, comme on sait, de caout-chouc ; ce qui équivalait à une membrane mince de caout-chouc pur. Pendant les trente-six premières heures de l’expérience, j’ai observé un courant d’endosmose extrêmement lent, dirigé de l’alcool vers l’eau. Après ce temps l’endosmose, dirigée toujours de même, est devenue très rapide. J’attribue cet accroissement de la vitesse de l’endosmose à ce que le caout-chouc, altéré par l’action de l’alcool, était devenu plus facilement perméable. Toujours est-il certain que, dans cette expérience, on voit le courant d’endosmose dirigé de l’alcool vers l’eau, au lieu d’être dirigé de l’eau vers l’alcool, ainsi que cela a toujours lieu, lorsqu’on place une cloison séparatrice organisée entre l’alcool et l’eau. On voit ici, d’une manière manifeste, l’influence qu’exerce la cloison séparatrice sur la direction du courant d’endosmose. Avec une cloison séparatrice animale ou végétale organisée, l’alcool et l’eau offrent l’endosmose directe ; avec une cloison séparatrice de caout-chouc, l’alcool et l’eau offrent l’endosmose inverse.

» En même temps que le courant d’endosmose porte l’alcool vers l’eau en traversant la cloison de caout-chouc, le courant d’exosmose porte l’eau vers l’alcool en traversant de même la cloison. Je me suis assuré, en effet, que dans cette expérience, l’alcool avait reçu de l’eau, mais en moindre quantité que l’eau n’avait reçu d’alcool. Cependant on sait que le caout-chouc n’est point perméable à l’eau dans l’état naturel. Il paraît que la perméation de l’eau au travers de cette substance avait été rendue possible par l’action que l’alcool avait exercée sur le caout-chouc. J’ai répété quatre fois cette expérience, et j’ai toujours obtenu le même résultat.

» D’après tous ces faits, il est évident que la théorie qui fait dépendre l’endosmose de la différence de la viscosité des deux liquides séparés par une cloison perméable doit être abandonnée. J’ignore encore quelle est la véritable théorie à laquelle on doit s’arrêter relativement à ces phénomènes, que je me contente d’exposer. »