Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 1.djvu/164

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cheval qui portoit ses malles ayant pris la fuite, il s’étoit tout d’un coup vû déchargé de l’embarras de cacher ses trésors.

Je t’avoue, dit ce Vieillard à sa fille, que ces richesses, dont je me croyois privé, ne me chagrinerent point ; je ne les avois pas assez possédées pour les regretter si fort. Mais cette avanture me parut être un cruel pronostic de ta destinée. Je ne doutois pas que la Bête perfide n’en agît de la même façon avec toi ; je craignais que ses bienfaits à ton égard ne fussent pas plus durables. Cette idée me causa de l’inquiétude ; pour la dissimuler je feignis d’avoir besoin de repos ; ce n’étoit que pour m’abandonner sans contrainte à la douleur. Je pensois ta perte certaine. Mais mon affliction ne dura pas. A la vue de mes malles que je perdues, j’augure bien de ton bonheur, je les trouve placées dans mon petit cabinet pré-