Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 17, 1840.djvu/158

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flancs par le fort. On y avait abattu tous les arbres et déraciné toutes les souches. On ne pouvait donc y être attaqué, quand on y faisait l’exercice, que de deux côtés seulement ; et comme on avait pratiqué au-delà une grande clairière au sud et à l’ouest, les ennemis auraient été obligés de se montrer hors des bois avant de pouvoir s’approcher assez pour être dangereux.

Quoique les armes régulières du régiment fussent des mousquets, une cinquantaine de fusils de chasse parurent en cette occasion. Chaque officier en avait un pour son amusement ; il y en avait qui appartenaient à des Indiens de tribus alliées aux Anglais, et il s’en trouvait toujours quelques-uns dans les forts ; les guides ou éclaireurs en avaient aussi, et le régiment en gardait un certain nombre qu’on prêtait à ceux qui allaient chasser dans la forêt pour procurer des vivres à la garnison. Parmi ceux qui portaient cette arme en ce moment, cinq ou six individus étaient particulièrement connus comme s’en servant si bien, qu’ils avaient acquis de la célébrité sur toute la frontière, une douzaine passaient pour avoir une adresse plus qu’ordinaire, et plusieurs autres auraient été regardés comme de tort bons tireurs partout ailleurs que dans la situation où ils se trouvaient placés.

La distance était cinquante toises, et l’on devait se servir du fusil, sans fourchette. Le but était une planche, sur laquelle divers cercles étaient peints en blanc, suivant l’usage, avec un point blanc au centre. Les premières épreuves d’adresse commencèrent par des défis entre les plus humbles des compétiteurs, qui désiraient montrer leur dextérité avant le divertissement général. Des soldats y figurèrent, et ce prélude eut peu d’intérêt pour les spectateurs, parmi lesquels il ne se trouvait encore aucun officier.

La plupart des soldats étaient écossais, le régiment ayant été levé à Stirling et dans les environs ; mais, de même que le sergent Dunham, bien des Américains y avaient été reçus depuis son arrivée dans les colonies. Ceux-ci étaient naturellement les meilleurs tireurs, et au bout d’une demi-heure, il fut universellement reconnu qu’un jeune homme, né dans la colonne de New-York, mais d’extraction hollandaise, qui portait le nom euphonique de Van Vattenburg, et qu’on appelait familièrement Follock, s’était montré le plus expert de tous ceux qui avaient fait l’essai de leur adresse. Au moment où l’opinion générale venait de se déclarer à ce sujet, le capitaine le plus ancien, suivi de la plupart