Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 3, 1839.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jeune homme, et je vous ferai dire en même temps ce que vous devez faire pour votre sûreté.

Elles trouvèrent dans le corridor Alix Dunscombe qui les attendait. Son visage était caché sous sa mante, mais les palpitations redoublées de son sein et ses soupirs prouvaient suffisamment combien son entrevue l’avait agitée.

Comme le lecteur peut avoir quelque curiosité de connaître la cause qui lui avait occasionné une si vive émotion, nous allons retarder un instant la marche de notre histoire pour rendre compte de la conversation de miss Dunscombe avec l’individu qu’elle cherchait.


CHAPITRE XIV.


Tel un lion qui du fond de sa lanière a entendu les cris du chasseur, s’élance au-devant de son ennemi ; tel se lève Douglas.
La ballade de Chevy-Chase.


Alix Dunscombe ne trouva pas le second prisonnier enseveli comme Griffith dans un profond sommeil. Il était assis sur une des vieilles chaises qui garnissaient sa chambre, le dos tourné vers la porte, et il semblait regarder par une croisée un petit paysage aride dont l’ouragan troublait encore la sérénité : il ne s’aperçut qu’on était entré dans l’appartement que lorsque la clarté de la lampe frappa ses yeux : alors il se leva sur-le-champ, s’avança vers Alix, et rompit le silence le premier.

— Je m’étais attendu à cette visite, lui dit-il, dès l’instant que j’ai vu que vous aviez reconnu ma voix ; et mon cœur m’assurait que jamais Alix Dunscombe ne me trahirait.

Quoiqu’elle s’attendît à voir ses conjectures se confirmer, Alix resta d’abord hors d’état de lui répondre. Elle se laissa tomber sur le siège qu’il venait de quitter, et elle attendit quelques instants comme pour recouvrer l’usage de la voix.

— Ce n’était donc pas l’ouvrage de mon imagination ! dit-elle enfin, ce n’était pas une voix mystérieuse et inexplicable qui frap-