Page:Coppée - Contes tout simples, 1920.djvu/14

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dont la redingote montrait la corde, ne parlait, tout naturellement, que de courtisanes folles de luxe et de duchesses à trente quartiers.

Et, chaque fois qu’il entrait dans la boutique pour acheter son journal d’un sou, la pauvre fille était maintenant encore plus malheureuse et n’osait même plus souhaiter qu’il fît attention à elle, dans la crainte d’être méprisée.

Cela dura des mois, de longs mois. Car le poète logeait toujours dans le quartier. Il avait trouvé, au fond d’un jardin, un réduit d’où on ne l’entendait pas vociférer ; et le nouveau propriétaire le tolérait là, à peu près comme il eût permis à son autre locataire, le marchand de vin, de laisser jouer du cor de chasse dans sa cave. Cela dura de longs mois, plus d’une année, pendant laquelle la romanesque petite papetière rêva beaucoup, soupira souvent, et même pleura quelquefois sur son oreiller.

Puis le poète déménagea, ne revint