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les républiques sud-américaines

l’unité. L’entreprise échoua piteusement. Ni le Chili ni l’Argentine ni le Brésil n’y voulurent participer. Puis le Pérou échappa au dictateur et ensuite la Bolivie. Le Vénézuela enfin se sépara de la Colombie et Quito devint la capitale d’un nouvel État, la république de l’Équateur. Bolivar avait eu le tort de risquer la violence et l’illégalité pour retenir l’autorité qui lui échappait. La fin de sa carrière risquait ainsi de ternir l’éclat de l’épopée initiale. Il mourut en 1830 ne s’étant point résigné à l’avortement de ses plans politiques.

Partout sévissait intense la querelle entre unitaires et fédéralistes. Au cours d’une longue crise de croissance des États sud-américains, les deux principes ne cessèrent de s’alterner. Toutefois il devint peu à peu visible que le fédéralisme aurait la victoire définitive ; le continent était voué à cette forme de gouvernement dont le rudiment exista chez les plus avancées des tribus indigènes de l’Amérique du nord et à laquelle l’adhésion des États-Unis apporta de bonne heure une force irrésistible. En 1889 les « États-Unis du Brésil » en se substituant à l’empire de Don Pedro II devaient marquer l’achèvement de l’évolution. À la Plata la question s’était compliquée du fait qu’une des provinces, celle de Buenos-Ayres, était trop développée et trop forte par rapport aux autres et qu’ainsi on arrivait malaisément à la faire s’encastrer dans une organisation fédérale. Vers le milieu du xixme siècle, Buenos-Ayres vécut plusieurs années pratiquement séparé du reste de l’Argentine et, quarante ans plus tard, la lutte de « la capitale contre les provinces » faillit se ranimer.

La paix ne s’établit pas plus aisément que la liberté. Que de guerres en moins de soixante-dix ans ! L’Équateur commença par disputer à la Colombie des territoires dont la situation favorisait grandement le commerce dans le Pacifique ; l’assaillant échoua. En 1827 la guerre sévit entre le Brésil et la Plata pour la possession de l’Uruguay : lutte qui, du moins, se termina de façon raisonnable puisque les deux gouvernements s’accordèrent pour renoncer enfin à leurs ambitions inconciliables et reconnaître l’indépendance de l’Uruguay. Puis vinrent les guerres suscitées par le dictateur argentin Rosas. Non content d’attaquer ses voisins, celui-ci bravait les puissances européennes ; plusieurs fois on vit les flottes française et anglaise bloquer les côtes du pays. Ce despote finit par ameuter contre lui le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Une armée « libératrice » livra bataille à ses troupes qui furent vaincues (1852). À l’ouest, en 1863,