Page:Coubertin - L Evolution Francaise sous la Troisième République, 1896.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
257
le triomphe de la république.

Tsar, et la campagne du Dahomey, brillamment conduite, se terminait le 17 novembre par la prise d’Abomey. Cette série d’événements heureux accusait la stabilité de la République, son crédit, son prestige et la force de ses armes ; et, malgré tout, une inquiétude sourde se propageait qui ne venait pas uniquement des attentats anarchistes dont Paris était le théâtre[1] ; leur fréquence, leur caractère tragique pouvaient inspirer de la terreur à quelques personnes et diminuer le nombre des étrangers visitant Paris, mais bien vite, on avait compris — et les anarchistes ne tardèrent pas à s’en rendre compte eux-mêmes, — que ce n’était pas par de tels moyens qu’on « viendrait à bout de la société bourgeoise ». Il y avait autre chose ; il y avait une certaine presse née avec le boulangisme, ayant grandi avec lui et lui ayant survécu ; il y avait la nervosité de l’opinion, qui s’était habituée aux nouvelles à sensation, aux spirituelles et mordantes calomnies de Rochefort et continuait de chercher du rocambolisme et des machinations ténébreuses dans les dessous de la politique ; il y avait enfin cette préoccupation de trouver partout des conspirateurs, que M. Ribot signalait dès 1883. Les révélations de M. Terrail-Mermeix, l’histoire des conciliabules entre boulangistes et royalistes, les trois millions électoraux de Mme la duchesse d’Uzès, tout

    lemagne ; la visite du grand-duc Constantin fut considérée comme destinée à ôter à l’entrevue de Kiel toute signification politique.

  1. Il y eut quatre explosions entre le 29 février et le 27 mars. Puis, Ravachol ayant été capturé, le restaurant Véry, lieu de son arrestation, sauta. Ce furent ensuite les bureaux de la Compagnie de Carmaux, dont les ouvriers étaient en grève, que les anarchistes voulurent détruire ; mais la bombe fut transportée au commissariat de police de la rue des Bons-Enfants : c’est là qu’elle éclata en faisant de nombreuses victimes.