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de substances nouvelles douées d’une très grande radioactivité, on devait se demander si l’activité relativement faible de l’uranium et du thorium ne pouvait s’expliquer par la présence avec ces éléments d’une trace de matière fortement radioactive, dont les propriétés seraient telles qu’elle ne se séparerait pas des éléments considérés au cours du traitement ayant en vue leur extraction du minerai. La radioactivité de l’uranium et celle du thorium n’ayant pas d’ailleurs les mêmes caractères essentiels, il serait nécessaire d’admettre la présence de substances fortement radioactives distinctes. Des recherches dans cet ordre d’idées ont été entreprises par divers savants ; on verra plus loin quels ont été les résultats obtenus avec l’uranium. En ce qui concerne le thorium, MM. Hofmann et Zerban ont affirmé que ce corps n’est pas actif quand il provient de minerais ne contenant pas d’uranium ([1]). MM. Baskerville et Zerban ont annoncé que le thorium extrait d’un certain minerai brésilien est inactif ([2]). Ces résultats demandent encore confirmation. Mais on sait actuellement que la radioactivité du thorium est étroitement liée à celle d’une substance fortement radioactive qui a été découverte par M. Hahn et qui a reçu le nom de radiothorium ([3]).

Le radiothorium a été extrait des produits du traitement d’un minerai nommé thorianite. Ce minerai, récemment trouvé à Ceylan, se présente sous la forme de petits cristaux cubiques assez réguliers ; il se compose principalement d’oxyde de thorium (70 à 80 pour 100) et d’oxyde d’urane (10 à 15 pour 100) ; il contient aussi du plomb, du fer, des terres rares. Enfin, ce curieux minerai est très riche en gaz hélium ; il en contient par gramme. Une quantité assez importante de thorianite (250 kg) a été acquise par M. Ramsay et soumise à un traitement. Ce traitement a fourni une certaine quantité de bromure de baryum radifère qui a été soumis par M. Hahn à une cristallisation fractionnée en vue de l’extraction du radium. Au cours de ce fractionnement on a pu constater que si l’activité s’accumulait comme d’ordinaire dans les cristaux les moins solubles, il y avait, d’autre part,

  1. Hofmann et Zerban, Ber. d. deutsch. chem. Gesell., 1903.
  2. Baskerville et Zerban, Amer, chem. Soc., 1904.
  3. Hahn, Jahrbuch d. Rad., 1905.