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PRÉLIMINAIRE.

ment dite, comme éloquence oratoire, que celle qui est dans les genres qu’on appelle délibératif et judiciaire[1], parce qu’alors l’orateur entreprend de déterminer ses auditeurs dans un temps précis, à faire ou ne pas faire une chose, à prononcer pour ou contre quelqu’un.

  1. On sait que les rhéteurs distinguent trois genres d’éloquence, le genre démonstratif, le délibératif et le judiciaire. Le démonstratif comprend la louange et le blâme d’une chose ou d’une personne ; mais on le considère surtout comme renfermant la louange. On l’appelle démonstratif, et en grec epideiktikon, parce qu’on y fait montre de toutes les beautés de l’éloquence, qu’on y étale toute la pompe et toutes les richesses du style, ce qui nous l’a fait aussi nommer en français le genre d’appareil. Dans le genre délibératif, il est question de déterminer une ou plusieurs personnes à prendre un parti ou à ne pas le prendre, comme utile ou comme nuisible. Dans le judiciaire, on accuse ou on défend, on soutient son droit ou on attaque le droit prétendu d’un autre. Je ne vois pas que Cicéron ait admis la division des trois genres dans ses ouvrages sur la rhétorique, excepté dans un seul, qu’il avait sans doute composé étant fort jeune, et dans lequel il explique les sentimens des rhéteurs qui l’avaient précédé, plutôt qu’il n’expose le sien. Cet ouvrage d’ailleurs (ce sont les livres à Herennius) est-il vraiment de lui ? Des savans dont l’autorité est d’un grand poids, l’attribuent à un autre. Dans ses autres livres sur la rhétorique, il ne parle point du genre démonstratif, ou bien il le rejette comme n’étant pas un genre de l’éloquence proprement dite, comme servant à former l’orateur, plutôt qu’il ne le constitue.