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SOMMAIRE.

monter à la tribune ; il harangue ses concitoyens, tâche de relever leur courage abattu, leur montre que Philippe est un prince redoutable, mais non pas invincible, qu’il ne doit ses succès qu’à leur négligence. Il entre ensuite dans le détail de tout ce qu’ils doivent faire, des sommes et des troupes qu’ils doivent lever pour tenir tête à leur ennemi et le réduire. Après quoi il emploie les traits les plus forts, les plus vifs et les plus piquans, pour réveiller leur paresse et les exciter à l’action.

Ce discours fut prononcé la première année de la CVIIe Olympiade, sous l’archonte Aristodème. Démosthène n’avait alors que trente ans. Il s’excuse dans son exorde de monter le premier à la tribune, et il annonce qu’il va traiter un sujet rebattu. Avant qu’il parlât, on avait sans doute délibéré plus d’une fois sur les moyens d’arrêter Philippe ; mais il peut donner son avis sur un point déjà discuté par les anciens orateurs.

Il faut remarquer qu’une loi de Solon ordonnait aux orateurs de monter à la tribune en suivant l’ordre de l’ancienneté, de laisser parler d’abord les plus âgés. Eschine, dans sa harangue contre Ctésiphon, forme des vœux pour le rétablissement de cette loi qu’on avait abolie. Mais, quoique révoquée, elle se maintenait encore par le crédit de la raison, qui d’elle-même impose aux jeunes gens des devoirs de bienséance envers les anciens.