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PREMIÈRE PHILIPPIQUE.

Qu’est-ce donc que je vous conseille ? d’ôter aux chefs comme aux soldats tout prétexte de mécontentement, en assurant le paiement de la solde, et d’envoyer servir avec les étrangers, des citoyens qui aient l’œil sur la conduite des généraux : car notre conduite actuelle est vraiment ridicule. En effet, si l’on vous demandait : Athéniens, êtes-vous en paix ? Non, par Jupiter, diriez-vous ; nous sommes en guerre avec Philippe. En effet, n’avez-vous pas nommé dix taxiarques(9), dix phylarques, deux commandans de la cavalerie ? Mais, à l’exception du seul officier que vous envoyez à l’armée, que font tous les autres ? Ils marchent ici en pompe avec vos sacrificateurs dans les cérémonies publiques. Car, à l’exemple de ces statuaires qui étalent des figures d’argile et de plâtre, vous faites des taxiarques et des phylarques pour la montre, et non pour le service. Eh ! quoi, Athéniens, afin que votre armée fût véritablement l’armée d’Athènes, ne faudrait-il pas que vous eussiez des Athéniens pour taxiarques, des Athéniens pour phylarques ; enfin, que vous ne prissiez vos commandans que parmi vos concitoyens ? Cependant vous envoyez au secours de Lemnos(10), le général de votre cavalerie, qui est Athénien, et vous laissez à Ménélas, qui est étranger, le commandement de la cavalerie, destinée à défendre vos possessions. Non que j’attaque le mérite de Ménélas ; je dis seulement qu’un emploi de cette importance ne devrait être confié qu’à un citoyen d’Athènes.