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SECONDE PHILIPPIQUE.

glige et le laisse sans emploi. Sa cour n’est composée que de brigands, de flatteurs, de débauchés qui, dans la chaleur du vin, se livrent à des danses dont je rougirais ici de prononcer le nom(6). Ce qui prouve la vérité de ce récit, c’est que les misérables que nous avons chassés d’Athènes, comme des pestes plus nuisibles que les charlatans, ce Callias, cet esclave public[1], et d’autres hommes de cette espèce, des bouffons, des auteurs de chansons infâmes et de couplets satiriques, aux traits desquels Philippe abandonne ses convives, voilà les hommes qu’il chérit, et dont il compose sa société.

Tous ces désordres de sa vie privée paraîtront peu importans à quelques esprits frivoles ; mais les esprits sensés en tirent des indices pour connaître le génie de cet homme, et prévoir sa malheureuse destinée. Tous ses vices sont maintenant couverts par l’éclat de ses succès, Car les prospérités sont merveilleusement propres à jeter un voile sur ces honteux déréglemens ; mais au moindre revers qu’il éprouvera, vous verrez paraître

  1. Il y avait des esclaves qui appartenaient à la ville, et qui étaient consacrés à ses plaisirs, à des fonctions publiques, sacrées ou profanes. Tel avait été Callias, qui probablement avait obtenu sa liberté et s’était retiré auprès de Philippe.
    Il est parlé de ces esclaves publics dans Tite-Live [liv. ix.]. « Ces sortes d’esclaves, dit M. Rollin, n’appartenaient à aucun particulier ; c’étaient les esclaves de la république en corps ; tels que les Venerii en Sicile, et les Martiales à Lavinum ».