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SECONDE PHILIPPIQUE.

avec sa femme. Les Thessaliens implorèrent le secours de Philippe, qui les délivra de leurs tyrans.

(6) Ce que dit Démosthène de la jalousie, de l’intempérance et des dissolutions de Philippe, paraît bien fort et un peu chargé : plusieurs historiens cependant le confirment, et nous apprennent que ce prince n’aimait point à partager la gloire du combat avec ses soldats et ses capitaines ; qu’il maltraitait ceux de ses généraux qui se signalaient davantage ; qu’il était intempérant jusqu’à la crapule, et se plaisait à boire jusqu’à perdre la raison ; qu’enfin il avait toujours à sa suite une foule de flatteurs et de gens corrompus, dont la bassesse et les infamies révoltaient. Il n’est pas rare de voir des hommes qui allient les qualités les plus brillantes avec les vices les plus honteux. Les dits et gestes, que d’autres historiens nous rapportent de Philippe, annoncent un monarque qui savait estimer et récompenser le mérite dans ses officiers, se contenter d’une vie sobre et frugale, souffrir et même aimer la franchise : mais cela prouve seulement qu’il savait, dans l’occasion, cacher ou réprimer ses défauts, ou que du moins il alliait de grands vices à de grandes qualités.

(7) C’est la même guerre dont il est parlé au commencement de la première Philippique.

(8) Nous avons vu, dans la première Philippique, que Charès, pour gagner de quoi fournir à la paie de ses troupes, alla, sans ordre, secourir Artabaze, satrape rebelle de l’Asie mineure. Artabaze paya les services de Charès de deux villes de son gouvernement, Lampsaque et Sigée. Le même Charès, au lieu d’employer la flotte qu’il commandait à reprendre Amphipolis, comme il avait ordre de le faire, se joignit à des pirates, et s’associa à leurs brigandages. Charès déféré, et poursuivi juridiquement, n’osa comparaître ; mais telle était la mauvaise administration d’Athènes, qu’il reparut quelque temps après, et que sa faction eut le crédit de le remettre à la tête des armées.

(9) Le peuple d’Athènes était divisé en dix tribus. Pour fournir aux contributions, on tirait de chaque tribu un certain nombre de citoyens, que l’on partageait en vingt classes. On y taxait chacun à proportion de son bien et des besoins de l’état. Chaque classe, composée d’hommes également riches, avait son chef.