Page:Démosthène - Œuvres complètes, Auger, 1819, tome 1.djvu/495

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
479
TROISIÈME PHILIPPIQUE.

Comme hommes publics, ils nous ont construit tant de beaux édifices, ils ont élevé un si grand nombre de temples superbes, et les ont ornés de si riches offrandes, qu’ils n’ont laissé à leurs descendans aucun moyen d’enchérir sur leur magnificence. Comme particuliers, ils vivaient si modestement, et si attachés aux anciennes mœurs, que ceux de vous qui connaissent la maison d’Aristide, celle de Miltiade(12), ou de quelque autre grand homme de ce temps-là, ont dû remarquer que rien ne distingue ces maisons des maisons voisines. Ils croyaient que dans l’administration des affaires publiques, ils devaient se proposer, non l’augmentation de leur fortune, mais l’agrandissement de l’État. C’est ainsi que par une fidèle attention au bien général de la Grèce, par leur piété envers les Dieux, par l’esprit d’égalité dans lequel ils vivaient entre eux, ils parvinrent, comme ils le devaient, au comble de la félicité. Voilà quel fut l’état de vos aïeux sous la conduite des personnages dont je viens de parler. Quel est aujourd’hui le vôtre sous les honnêtes citoyens qui vous gouvernent ? Est-il semblable à celui de vos ancêtres, ou du moins en approche-t-il ? Je ne m’arrêterai pas sur ce parallèle que je pourrais étendre bien davantage ; je dirai seulement, qu’en ce temps où nous n’avons plus de rivaux en tête, où les Lacédémoniens sont abattus(13), où les Thébains sont occupés chez eux, où nul autre peuple de la Grèce ne peut nous disputer la prééminence, où nous pourrions