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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

On lit les décrets.

Ces décrets sont conçus dans les mêmes paroles, dans les mêmes syllabes dont s’était déjà servi Aristonique, et qui ont été depuis employées par Ctésiphon. Eschine, néanmoins, ne les a pas attaqués, ni secondé celui qui les attaquait. Cependant, supposé même que l’accusation actuelle eût quelque fondement, il eût été plus convenable alors de poursuivre Démomèle et Hypéride, auteurs des décrets dont je parle, qu’il ne l’est, aujourd’hui, de poursuivre Ctésiphon. Pourquoi ? C’est qu’à présent Ctésiphon peut s’appuyer de leur exemple, alléguer, pour sa défense, les décisions antérieures des tribunaux, le silence d’Eschine, qui n’a pas attaqué les décrets qui ont précédé le sien, et dont le sien n’est que la copie, la disposition des lois, qui ne permettent pas de revenir sur des articles déjà décidés ; et mille autres raisons : alors, au contraire, on eût examiné la cause, sans aucun de ces préjugés. Mais aussi, l’accusateur ne pouvait alors, comme à présent, calomnier à son aise, s’étayer d’une multitude de vieilles chroniques et de décrets antiques, qu’on ne soupçonnait pas qu’il pût rappeler en ce jour ; il ne pouvait changer l’ordre des tems, supprimer les vrais motifs des actions, pour y en substituer de faux, avoir l’air, enfin, de dire quelque chose. Non, ces moyens, alors, n’étaient pas praticables. Mais à l’audience de