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HARANGUE DE DÉMOSTHÈNE SUR LA COURONNE.

juges qui auraient eu les affaires encore présentes et presque entre les mains, sous les yeux de la vérité même, qui n’aurait pas encore été éloignée, il eût été confondu sans peine. Il a donc évité de paraître, lorsqu’il était facile de le convaincre ; et ce n’est qu’aujourd’hui qu’il entre en lice, s’imaginant, à ce qu’il semble, que vous êtes venus pour regarder un combat d’orateurs, et non pour examiner la conduite d’un ministre ; pour juger les beautés d’un discours, et non pour peser les intérêts de l’état.

Subtil et adroit sophiste, il prétend que vous devez déposer les opinions fausses que vous apportez au tribunal à notre sujet, et vous rendre à l’évidence des preuves, comme vous vous rendez à l’évidence du calcul, lorsque, persuadés qu’un comptable est en reste, vous trouvez, par l’examen de ses comptes, qu’ils sont exacts, et qu’il n’est rien dû. Voyez, je vous prie, combien est ruineux tout ce qui n’a point la vérité pour fondement. Il avoue, par cette comparaison ingénieuse, que, du moins en ce jour, vous pensez qu’il parlait pour Philippe, et moi pour la patrie ; autrement, s’efforcerait-il de vous faire changer d’opinion sur le compte de nous deux ? Au reste. Athéniens, pour vous prouver l’injustice et l’inutilité de ses efforts, je n’emploierai ni chiffres, ni jetons (car ce n’est pas ainsi qu’on calcule les affaires) ; mais je résumerai les faits par une révision courte et simple ; et dans cette