Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XII

Caractère des Coréens : leurs qualités morales, leurs défauts, leurs habitudes.


La grande vertu du Coréen est le respect inné et la pratique journalière des lois de la fraternité humaine. Nous avons vu plus haut comment les diverses corporations, les familles surtout, forment des corps intimement unis pour se défendre, se soutenir, s’appuyer et s’entr’aider réciproquement, Mais ce sentiment de confraternité s’étend bien au delà des limites de la parenté ou de l’association ; et l’assistance mutuelle, l’hospitalité généreuse envers tous, sont des traits distinctifs du caractère national, des qualités qui, il faut l’avouer, mettent les Coréens bien au dessus des peuples envahis par l’égoïsme de notre civilisation contemporaine.

Dans les occasions importantes de la vie, telles qu’un mariage ou un enterrement, chacun se fait un devoir d’aider la famille directement intéressée. Chacun apporte son offrande et rend tous les services en son pouvoir. Les uns se chargent de faire les achats, les autres d’organiser la cérémonie ; les pauvres, qui ne peuvent rien donner, vont prévenir les parents dans les villages voisins ou éloignés, passent jour et nuit sur pied, et font gratuitement les corvées et démarches nécessaires. Il semblerait qu’il s’agit non pas d’une affaire personnelle, mais d’un intérêt public de premier ordre. Quand une maison est détruite par un incendie, une inondation ou quelque autre accident, les voisins s’empressent d’apporter pour la rebâtir, qui des pierres, qui du bois, qui de la paille ; et chacun, outre ces quelques matériaux, donne deux ou trois journées de son travail. Si un étranger vient s’établir dans un village, chacun l’aide à se bâtir une petite demeure. Si quelqu’un est obligé d’aller au loin sur les montagnes couper du bois ou faire du charbon, il est sûr de trouver dans le village voisin un pied-à-terre ; il n’a qu’à apporter son riz, on se chargera de le cuire, et on y mettra les quelques assaisonnements nécessaires. Lorsqu’un habitant du village tombe malade, ceux qui auraient à la maison un remède n’attendent pas pour le