Page:Dallet - Histoire de l'Église de Corée, volume 1.djvu/189

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la capitale, est légère, inconstante, adonnée au luxe et aux plaisirs. C’est elle qui donne le ton au pays tout entier ; c’est à elle surtout que s’applique ce que nous avons dit plus haut de l’ambition, de la rapacité, de la prodigalité, et du faste des Coréens. Les dignitaires, nobles, et lettrés y sont excessivement nombreux. Les gens du Tsiong-tsieng ressemblent de tous points à ceux du Kieng-keï, dont ils ont, à un degré moindre, les vices et les bonnes qualités. Dans la province de Tsien-la on rencontre peu de nobles. Les habitants sont regardés par les autres Coréens comme des gens grossiers, hypocrites, fourbes, ne cherchant que leurs intérêts, et toujours prêts à commettre les plus odieuses trahisons s’ils y trouvent leur profit. La province de Kieng-sang a un caractère à part. Les habitudes y sont beaucoup plus simples, les mœurs moins corrompues, et les vieux usages plus fidèlement conservés. Peu de luxe, peu de folles dépenses ; aussi les petits héritages se transmettent-ils de père en fils, pendant de longues années, dans les mêmes familles. L’étude des lettres y est plus florissante qu’ailleurs, et souvent l’on voit des jeunes gens qui après avoir travaillé aux champs tout le jour, donnent à la lecture le soir et une partie de la nuit. Les femmes de condition ne sont pas enfermées aussi strictement que dans les autres provinces ; elles sortent pendant le jour, accompagnées d’une esclave, et n’ont à craindre aucune insulte ni aucun manque d’égards. C’est dans le Kieng-sang que le bouddhisme ou religion de Fô conserve le plus de sectateurs. Ils sont très-attachés à leurs superstitions et difficiles à convertir ; mais une fois devenus chrétiens, ils demeurent fermes et constants dans la foi. Les nobles, très-nombreux dans cette province, appartiennent presque tous au parti Nam-in, et depuis les dernières révolutions dont nous donnons le détail dans cette histoire, n’ont plus de part aux dignités et emplois publics.