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notre but, nous donnerons en quelques mots une analyse succincte de ce qu’il importe de savoir[1].

Les premiers missionnaires et voyageurs en Chine croyaient que la langue coréenne n’était qu’un patois de la langue chinoise ; ils en concluaient l’identité d’origine entre les deux peuples. On sait aujourd’hui que les deux langues et les deux peuples diffèrent, et il est certain que les Coréens sont, non pas Chinois, mais Tartares d’origine.

On ne connaît absolument rien de l’histoire de Corée avant le premier siècle de l’ère chrétienne. Alors seulement on trouve les traces de trois États distincts qui se partagent la péninsule : au nord et au nord-est le royaume de Kao-li, à l’ouest celui de Pet-si, au sud-est celui de Sin-la. Un chaos de guerres civiles interminables entre ces États rivaux, des querelles sans cesse renaissantes entre le royaume de Kao-li et la Chine d’une part, entre le royaume de Sin-la et le Japon d’autre part, voilà l’histoire de Corée pendant plus de dix siècles. Ce qui semble évident, c’est que vers la fin de cette période le royaume de Sin-la eut une prépondérance marquée sur les deux autres. En effet, les histoires de Corée donnent le nom de Sin-la à la dynastie qui précéda celle de Kao-li ou Korie. Une autre preuve de cette supériorité, c’est que l’ouest et le nord paraissent avoir presque toujours été, de gré ou de force, sous la suzeraineté de la Chine, tandis que le sud ou royaume de Sin-la, soutint, pendant des siècles, la guerre contre le Japon, avec des alternatives de succès et de revers. Les annales japonaises mentionnent une cinquantaine de traités successifs entre les deux peuples.

Quoi qu’il en soit, c’est vers la fin du onzième siècle, sous Ouang-kien, c’est-à-dire Ouang le fondateur, que les trois royaumes coréens furent définitivement réunis en un seul. Le roi de Kao-li, appuyé par la Chine, conquit les États de Pet-si et de Sin-la, forma une seule monarchie, et en reconnaissance du secours que lui avait donné la dynastie mongole qui s’établissait alors à Péking, reconnut officiellement la suzeraineté de l’empereur. Les historiens chinois donnent de cette révolution une version un peu différente. D’après eux, Tchéou-ouang, le dernier empereur de la dynastie des Yn, prince cruel et débauché, avait disgracié et envoyé en exil son neveu Kei-tsa, dont les remon-

  1. Ceux qui voudraient étudier à fond la question n’ont qu’à consulter, entre autres ouvrages, Archiv zur Beschreibung von Japan, par M. de Siebold.