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Enfin, à Koang-tsiou, province de Kieng-kei, nous avons à signaler deux martyrs. Le premier est Ou Tek-oun-i, sur lequel nous n’avons pas de détails. Sa sentence d’ailleurs très-claire, nous montre un homme décidé, qui prit souvent soin de la sépulture des martyrs, et, en diverses circonstances, reprocha publiquement et énergiquement aux apostats leur lâche faiblesse. Il fut décapité le 28 de la douzième lune (31 janvier 1802), à l’âge le cinquante ans.

Le second est Thomas Han Tek-ouen-i. Né d’une famille noble lu district de Sioun-ouen, province de Kieng-kei, il avait émigré sur le territoire de Koang-tsiou. C’était un homme austère, dévoué, assidu à la prière et aux lectures pieuses. Il aimait à réunir les chrétiens pour les instruire et les exhorter, et alors, disent les mémoires du temps, ses paroles étaient fermes et tranchantes comme son cœur lui-même. Sa principale application était de se conformer en tout à la volonté de Dieu, et il le faisait avec une constance invariable. Saisi en 1801 par les satellites de Koang-siou, il fut traduit devant le juge, qui voulait à tout prix obtenir de lui des dénonciations. Thomas refusa d’en faire aucune, et supporta les tortures avec une sainte joie, sans changer de visage. Soumis, quelque temps après, à de nouveaux supplices, il dit au mandarin : « Si vous deviez donner des récompenses à ceux que je désignerais, je le ferais aussitôt, mais, loin de là, vous les feriez saisir, leur presseriez le cou jusqu’à les étrangler, et à mesure qu’ils viendraient, vous leur trancheriez la tête ; je ne puis donc vous dénoncer personne. » Sa sentence de mort fut envoyée à la capitale et confirmée au nom du roi. Il se rendit joyeusement au lieu du supplice, soutint lui-même le billot sur lequel il posait la tête, et, regardant le bourreau fixement, lui dit : « Coupez-moi la tête d’un seul coup. » Celui-ci, saisi de crainte et tout tremblant, frappa à faux, et la tête ne tomba qu’au troisième coup. C’était le 30 de la douzième lune (2 février 1802). Thomas était dans la cinquante-deuxième année de son âge.


En terminant l’histoire de cette affreuse persécution de 1801, mentionnons encore quelques autres martyrs qui n’ont pas été indiqués dans notre récit, parce que le lieu ou la date de leur exécution n’ont pas été retrouvés. Ces noms sont à tout jamais glorieux dans ciel, et il serait injuste de les laisser tomber, ici-bas, dans un complet oubli.

Le premier est Mathias Pai, chrétien zélé, qui employa toutes les forces et toutes ses ressources pour le bien général, et rendit