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version, sa ferveur alla toujours en augmentant. En 1839, il s’était caché dans le district de Ni-t’sien, mais trahi par un mauvais chrétien, il fut pris et conduit à la capitale. Ferme dans la confession de sa foi, il supporta sans faiblir les tortures qui lui furent infligées successivement au tribunal des voleurs et au tribunal des crimes. On lui fit l’honneur de le traiter en criminel d’État et de l’envoyer à la prison du Keum-pou, où il fut battu de nouveau et condamné à mort. En montant sur le chariot pour aller au supplice, il chargea un valet de dire à sa femme qui, arrêtée avec lui, demeurait encore prisonnière : « Nous étions convenus de mourir ensemble le même jour : puisque cela ne se peut, du moins mourons tous deux pour la même cause. » Il fut décapité à l’âge de soixante ans.

Venait ensuite Ignace Kim Sin-mieng-i, petit-fils de Pie Kim, dont nous avons vu la mort en 1814, et père d’André Kim, prêtre martyr en 1846. D’une famille du peuple éprouvée par de fréquentes persécutions, il vivait dans les montagnes, et avait donné son fils André, alors âgé de quinze ans, à M. Maubant qui l’envoya étudier à Macao. Ignace ne pouvait dès lors échapper aux perquisitions ; il fut pris à la septième lune par le traître Kim Ie-saing-i, conduit dans ses recherches par le beau-fils d’Ignace lui-même. Traité en criminel d’État, pour avoir fait sortir son fils du royaume, il eut d’abord le malheur d’apostasier, mais on ne le relâcha pas pour cela, et il fut condamné à mort. La grâce de Dieu, et les exhortations des autres prisonniers chrétiens, lui firent concevoir un vif regret de sa faute. Il rétracta son apostasie devant le ministre des crimes, et subit en conséquence d’horribles tortures, au milieu desquelles il ne se démentit plus. Il fut décapité à l’âge de quarante-quatre ans.

La quatrième victime fut Madeleine He, mère de Madeleine Ni de Pong-t’sien, dont on a vu les actes plus haut. Elle avait soixante-sept ans.

La cinquième fut Juliette Kim, dite Kim-si, fille du palais. Ses parents, chrétiens de la province, étaient venus s’établir à la capitale. Quand elle fut arrivée à l’âge de dix-sept ans, on voulut la marier, mais désirant beaucoup garder la virginité, elle s’arracha les cheveux, en sorte que toute la peau du crâne paraissait, et on fut obligé de différer. Puis, ses parents étant retournés en province, elle les quitta et fut prise pour le service du palais, où pendant dix ans elle ne put guère pratiquer sa religion. Elle en sortit enfin et, depuis ce temps, vécut seule du travail de ses mains. D’un caractère grave et peu ouvert, elle n’avait presque