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assez connue pour qu’on craignît de mettre la main sur lui. On prétend que Kim Hoang-san, pendant sa dernière maladie, eut avec Augustin de longues et fréquentes conférences sur la religion, et fut baptisé par lui à l’heure de la mort. Quant à Kim Tsiang-ei, qui souvent assista à ces conversations, il manifesta alors quelques velléités de se faire chrétien, et demanda une audience de l’évêque ; mais, disgracié et exilé lui-même à cette époque, il perdit de vue l’unique chose nécessaire, et mourut en 1857, à l’âge de quarante-cinq ans, sans s’être converti. Quelques membres de sa famille sont aujourd’hui chrétiens. Kim Hoang-san étant mort deux ou trois jours après la proclamation du décret du 7 juillet, Augustin fut immédiatement arrêté.

On décida, en même temps, l’exécution publique des quelques chrétiens dont les procès venaient d’être terminés, et le 10 de la sixième lune, 19 juillet, huit nouveaux martyrs furent décapités en dehors de la petite porte de l’ouest. Le chef de cette généreuse troupe fut Jean Ni Kieng-sam-i. Frère cadet d’Augustin Ni, décapité à la quatrième lune, Jean avait été converti avec lui, et s’était fait tellement remarquer par sa droiture, son dévouement et sa piété, que, peu de temps après sa conversion, les chrétiens l’adjoignirent à ceux de leurs chefs chargés de l’importante mission des voyages à Péking. C’est dans cette ville qu’il reçut le baptême. Dès son retour, il s’astreignit à une abstinence complète de viande, et, n’étant pas encore marié, renonça à toutes les espérances du monde, et résolut de vivre dans le célibat. On admirait surtout son recueillement extraordinaire ; rien ne pouvait le distraire de son union intime et continuelle avec Dieu. Pris à la deuxième lune avec toute sa famille, il eut à subir les mêmes interrogatoires et les mêmes supplices que son frère aîné, montra la même fermeté héroïque et, après cinq mois de souffrances, porta enfin sa tête sous la hache, dans la quarante-cinquième année de son âge. Venaient ensuite Madeleine Ni de Pong-t’sien, âgée de trente et un ans, vierge ; Thérèse Ni, tante paternelle de Madeleine, veuve, âgée de cinquante-deux ans ; Marthe Kim Pon-p’ieng-tsip-i, veuve, âgée de cinquante-trois ans, et notre illustre Lucie Kim, fille de Pan-moul-tsip-i, vierge, âgée seulement de vingt-deux ans.

Les trois autres furent : Anne Kim, Rose Kim et Marie Ouen. Anne Kim, veuve, mère de Ouen-tai, née de parents chrétiens à la capitale, pratiqua toute sa vie les vertus de son état et supporta patiemment les épreuves de la pauvreté. Elle vivait près de la maison de Jean Ni Kieng-sam-i, et les deux familles semblaient