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du collège et le catéchiste de la chrétienté environnante, exerçant cette double charge avec un zèle, une patience, une ferveur au-dessus de tout éloge. M. Pourthié disait souvent que Joseph était son bras droit. Quoique réduit à un état voisin de l’indigence, il ne voulut jamais rien recevoir pour ses services, et il employait ses moments libres au travail des mains, pour gagner sa nourriture et celle de sa famille. Nous avons dit plus haut que M. Pourthié avait, en donnant de l’argent aux satellites, fait relâcher Joseph, arrêté en même temps que lui. Mais celui-ci ne quitta point la maison, et le lendemain, au départ des missionnaires, il monta sur un bœuf et les suivit. On avait fait une demi-lieue lorsque M. Pourthié, tournant la tête, aperçut Joseph. Il fit des reproches aux satellites, qui le forcèrent à s’en retourner, Joseph obéit en pleurant. Il resta cinq jours dans sa maison, et n’ayant plus rien à manger, car les satellites avaient tout pillé, il alla chercher quelque nourriture chez un chrétien du village de No-rel-kol, à trois lieues de Pai-rong. Les satellites occupaient ce village ; Joseph fut reconnu par quelques-uns d’eux, et immédiatement arrêté. Le mandarin de Tsiei-tsieun ayant entendu les accusations portées contre lui, en référa à la capitale. On lui répondit : « Si cet homme est véritablement le maître de maison des prêtres européens, envoyez-le ici ; sinon, faites-le apostasier et renvoyez-le chez lui. » À toutes les demandes du mandarin, Joseph répondit en confessant sa foi, et en déclarant que c’était bien lui, et nul autre, qui était le maître de maison des missionnaires. Vainement ce magistrat, qui, touché de la figure vénérable de Joseph, voulait le sauver de la mort, essaya à diverses reprises, par lui-même et par ses subalternes, de lui faire changer un seul mot de sa déclaration ; Joseph y persista. Le mandarin écrivit de nouveau au gouvernement, et quatre satellites furent envoyés de la capitale, pour y amener le confesseur. On l’enferma dans la prison du Kou-riou-kan, et après avoir passé par les interrogatoires et les tortures d’usage, il fut condamné à mort. C’est lui, dit-on, qui sollicita et obtint la grâce d’être envoyé au supplice avec Mgr Daveluy et ses compagnons.

Les cinq martyrs furent conduits à Sou-rieng à cheval. Leurs jambes, brisées par la bastonnade, étaient enveloppées de papier huilé retenu par quelques morceaux de toile ; sur la tête, ils portaient le bonnet jaune, et autour du cou, la corde rouge. Leurs cœurs surabondaient de joie, et plusieurs fois, au grand étonnement des satellites et des curieux, ils adressèrent à Dieu leurs ferventes actions de grâce en chantant des psaumes et des