Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/223

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mentation, quitteront les Montagnons, & ſe fourvoieront chez les autres Suiſſes leurs voiſins, qui ſans être moins induſtrieux, n’auront point de ſpectacles, & n’augmenteront point leurs prix, Diminution de debit, troiſieme préjudice.

Dans les mauvais tems les chemins ne ſont pas praticables. Il fait rarement beau pendant le Carnaval, on n’interrompra point ces divertisſemens, ſuppoſés ſi édifians & ſi utiles. On ne pourra éviter de rendre la ſalle abordable en tout tems, l’hiver, il faudra faire des Chemins dans la neige, peut-être les paver, Dieu veuille qu’on n’y mette pas des Lanternes. Ici le grand Sulli feroit une réflexion » ſi l’établisſement des Lanternes & le pavage des chemins ne ſervoient abſolument qu’au Bal public, ce ſeroit une dépenſe à regretter : mais il ne reprocheroit pas au Bal public comme un nouveau préjudice qu’il auroit occaſionné, une dépenſe utile à la ſureté des citoiens & à la circulation du Commerce, au roulage des marchandiſes &c. » Les femmes des Montagnons allant d’abord pour voir, & enſuite pour être vues, voudront être parées, elles voudront l’être avec diſtinction : la femme de Mr. le Châtelain ne voudra pas ſe montrer au Bal, miſe comme celle du Maître d’Écôle, s’efforcera de ſe mettre comme celle du Châtelain, delà naîtra bientôt une émulation de parure qui ruinera les Maris, les gagnera peut être, & qui trouvera ſans ceſſe mille nouveaux moiens d’éluder les loix ſomptuaires, introduction du Luxe, cinquiéme préjudice.