Page:Dancourt - À Mr. J. J. Rousseau, 1759.djvu/57

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homme qui auroit reçu un ſoufflet en ſeroit moins mépriſé quelque ſage qu’il fut, s’il négligeoit d’en tirer raiſon ; Pourquoi non ? Si cet homme pouvoit juſtifier ſon Stoiciſme par des motifs auſſi louables que ceux que j’exige, & ſi la piéce étoit aſſés bien faite pour prouver à tout le monde que puisqu’on a les voyes de la Juſtice pour ſe vanger de l’injure c’eſt ſe rendre auſſi criminel que l’offenſeur que d’anticiper ſur les droits du Gouvernement en ſe faiſant ſoi même juſtice, il y auroit plus d’oreilles que vous ne croyez dispoſées à ſaiſir les vérités de cette piéce.

Nous devons ſans doute à l’éducation de nos Militaires d’aujourd’hui, à leur politeſſe, aux progrès de la ſageſſe dans cet ordre, & ſurtout au discrédit des parties de Cabaret jadis trop à la mode, l’extinction de cette fureur des duels malheureuſement ſi fréquens autrefois.

On chaſſe aujourd’hui de tous les Corps les Spadaſſins turbulens qui en troublent la tranquillité : on a deffendu ces épreuves de valeur qu’on faiſoit eſſuyer aux Officiers nouvellement reçus, preuves trop multipliées pour n’être pas dégoûtantes & pour ne pas rendre l’uniforme odieux à tous les gens ſenſés. On diſtingue parfaiternent la valeur de la fauſſe bravoure & l’on voit avec une ſatisfaction infinie pour les ſages que les Officiers dont la valeur eſt la moins ſuspecte vis à vis les ennemis de l’État, ſont ceux