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AFRICAINE.

vents redoubla, et la mer devint très-grosse. La Frégate donnant alors de grandes secousses, l’eau entra dans la cale d’une manière effrayante. Les pompes ne pouvaient plus jouer. Plus d’espoir que celui de s’abandonner à de frèles embarcations qu’une seule lame pouvait engloutir. Mais des gouffres affreux nous environnaient ; des montagnes d’eau montraient leur sommet liquide dans le lointain. Comment franchir tant d’obstacles ? D’ailleurs où aller ? quelle terre hospitalière devait nous recevoir sur sa plage ? Ce fut alors que toutes mes idées se reportèrent sur notre belle patrie. Je ne regrettais pas Paris, mais je me serais estimée fort heureuse, d’être encore dans les bourbiers de la route de Rochefort. Puis sortant tout-à-coup de mes rêveries, je m’écriai : « Ô terrible position ! cette mer noire et sans bornes ressemble à la nuit éternelle qui doit nous englou-