Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/62

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sans cesse besoin de toi ! Misérable fille ! Te voilà punie ! Tu as au pied une blessure qui sera longue à guérir. Elle te retiendra, malgré toi, à l’intérieur de la tente, auprès de mon enfant. Tu entends ? Même, lorsque, dans un mois, ton pied sera guéri, je ne veux pas te voir sortir un seul instant. Quand l’enfant sera en santé, nous verrons ce que nous ferons de toi, canaille d’Algonquine… En attendant, hein, te voilà forcée d’obéir. » Et elle s’éloigna à son tour. Je les entendis rire et se féliciter à maintes reprises durant la nuit qui suivit. Quel bon tour l’on m’avait joué ! Le lendemain, j’eus beaucoup de fièvre et perdis un peu conscience de ce qui m’entourait. Mais j’en guéris bientôt. Seul, mon pied demeura des jours et des jours ainsi qu’une large blessure saignante et pleine d’une chaleur intense… J’ai beaucoup enduré en silence, mon frère, mais en mon âme, j’ai crié sans fin, d’horreur, d’indignation, de désespoir. Oh ! les misérables ! Les bourreaux !… Puissent-ils un jour…

— Chut ! Lis-en-Fleur, pas cela. Je vous en conjure, au nom de ce que vous avez de plus cher, ne maudissez personne. Le Père de la prière ne-vous a-t-il pas dit, alors qu’il prêchait dans votre tribu et que vous alliez l’entendre, que Dieu ne voulait pas que l’on se venge… « La vengeance, m’appartient,