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FAUST

chants de l’âme sont personnifiés sous la forme des démons.

Il est impossible de lire Faust sans qu’il excite la pensée de mille manières différentes : on se querelle avec l’auteur, on l’accuse, on le justifie ; mais il fait réfléchir sur tout, et, pour emprunter le langage d’un savant naïf du moyen âge, sur quelque chose de plus que tout[1]. Les critiques dont un tel ouvrage doit être l’objet sont faciles à prévoir d’avance, ou plutôt c’est le genre même de cet ouvrage qui peut encourir la censure plus encore que la manière dont il est traité ; car une telle composition doit être jugée comme un rêve ; et si le bon goût veilloit toujours à la porte d’ivoire des songes pour les obliger à prendre la forme convenue., rarement ils frapperoient l’imagination.

La pièce de Faust cependant n’est certes pas un bon modèle. Soit qu’elle puisse être considérée comme l’œuvre du délire de l’esprit ou de la satiété de la raison, il est à désirer que de telles productions ne se renouvellent pas ; mais quand un génie tel que celui de Goethe

  1. De omnibus rébus et quibusdam aliis.